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qu’où n’oublie pas que Mentor avoua à Dessalines, qu’il avait paru accepter une mission perfide tendant à ce but qu’il parvint à atteindre !

À l’égard de Boisrond Tonnerre, qu’ils lisent aussi les pages 238, 256, 264, 273, 281 et 285 de ce volume, pour reconnaître « qu’il était animé de mauvaises passions ; qu’il conseillait des mesures violentes à Dessalines ; qu’il l’excitait sans cesse contre ses principaux lieutenans, notamment Christophe, Pétion et Geffrard ; qu’il était d’une profonde corruption ; qu’il n’hésitait pas à perdre, dans l’esprit de l’empereur, n’importe quel citoyen qu’il soupçonnait de conspirer ; qu’il finit par dénoncer à Dessalines, son propre frère Boisrond Canal, et qu’en tenant cette infàme conduite, c’était parce que ce frère avait refusé de faire honneur à plusieurs de ses mandats. »

Quand de tels hommes agissent ainsi, et qu’une révolution sanglante survient, il est difficile qu’ils échappent à la haine publique ; mais, après avoir constaté, d’après toutes les traditions, leur immoralité, la dépravation de leur cœur et de leur esprit, on doit éviter d’attribuer leur fin tragique à des passions basses, à des sentimens coupables. Il fait déplorer leurs vices qui les y ont entraînés, et plaindre leur malheureux sort, y compatir ; mais sans accuser ceux qui y ont contribué dans un temps de violences politiques, et qui valaient mieux qu’eux.

Inginac a failli périr aussi dans ces circonstances ; mais, qui pourrait lui imputer les mauvaises passions, l’immoralité, les perfides conseils des Mentor et des Boisrond Tonnerre ? Ou n’a eu à lui reprocher que son excès de zèle dans l’examen des titres de propriété, sa rigueur envers les comptables. Pour cette époque de désor-