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vid-Troy et Faubert. Dans ces momens de fermentation des esprits, se joignant à ceux qui venaient de concourir à la mort de Dessalines, ils s’étonnaient de trouver en pleine liberté ses aides de camp qu’on avait vus récemment avec lui dans le Sud, et contre lesquels on était plus ou moins prévenu, selon la part qu’on leur attribuait aux mesures prises aux Cayes et qui occasionnèrent l’insurrection. Parmi ces aides de camp, Mentor et Boisrond Tonnerre excitaient le plus ces préventions, parce qu’on avait pu constater l’influence pernicieuse qu’ils avaient exercée sur l’esprit de Dessalines, non-seulement dans cette dernière tournée, mais depuis longtemps. Nous avons cité assez de faits transmis par la tradition, surtout d’après l’Histoire d’Haïti par M. Madiou, pour expliquer cet état de choses. Il n’est donc pas étonnant que, lorsque les officiers des Cayes venaient de faire exécuter Moreau et G. Laflour, ils crussent à la nécessité de faire subir le même sort à ces deux adjudans-généraux. David-Troy qui était ardent et qui, à Marchand, les voyait chaque jour dans leur immoralité ; tous les autres qui les avaient vus de même aux Cayes, partagèrent ces idées.

C’est le malheur des révolutions sanglantes, de vouloir persévérer dans cette voie ; au Port-au-Prince, le général Germain avait péri après son chef, on ne trouvait pas que ce fût assez. On attribua à Mentor d’avoir dit à Madame Germain, qu’il la protégerait, bientôt. S’il tint réellement ce propos, était-ce pour la suborner, ou bien en raison de l’espoir qu’il aurait eu de devenir ministre de la guerre ? D’un autre côté, on lui imputa encore d’avoir entretenu David-Troy de projets qui prouveraient son ambition : peut-être ce dernier n’aura rapporté alors que la proposition qu’il lui avait faite a Marchand, en 1805,