Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les actes rédigés par Boisrond Tonnerre furent préalablement lus à la maison occupée par le général en chef, et ils obtinrent l’approbation de Dessalines ; les généraux et autres officiers présens durent aussi les approuver. Ils y furent signés immédiatement, — la proclamation au peuple d’Haïti, par le général en chef ; — l’acte d’indépendance, par lui et par les autres chefs ; — celui qui lui conférait le titre de Gouverneur général, par les généraux seulement, considérés dès lors comme des conseillers d’Etat.

Entouré de ses valeureux compagnons, Dessalines se rendit sur la place d’armes où le son des fanfares militaires l’accueillit. Monté sur l’autel de la patrie, il fit d’abord une allocution véhémente en langage créole, aux troupes et au peuple assemblés, sur le but de la cérémonie ; puis, il ordonna à Boisrond Tonnerre de donner lecture des actes qu’il avait rédigés, dans l’ordre suivant :

Liberté, xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxou la Mort.

ARMÉE INDIGÈNE.
Le général en chef, au peuple d’Haïti.
Citoyens,

Ce n’est pas assez d’avoir expulsé de votre pays les barbares qui l’ont ensanglanté depuis deux siècles. Ce n’est pas assez d’avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux. Il faut, par un dernier acte d’autorité nationale, assurer à jamais l’empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître. Il faut ravir au gouvernement inhumain qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir. Il faut enfin vivre indépendans, ou mourir !

Indépendance, ou la Mort !…… Que ces mots sacrés nous rallient, et qu’ils soient le signal des combats et de notre réunion !

Citoyens, mes compatriotes, j’ai rassemblé dans ce jour solennel