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l’appelant au Cap, dès que Romain et Dartiguenave y furent rendus, afin de se réunir à lui pour aller venger cet attentat. Mais il envoya ces deux généraux à la tête d’un détachement de dragons et de leurs nombreux guides, lui tendre une embuscade au Fossé-de-Limonade, avec ordre de le mettre à mort. Capois y arriva avec ses guides et ses aides de camp, Bottex, Placide Lebrun et Bélair ; voyant Romain et Dartiguenave, à pied, sur la route, et ne se doutant pas de leur mission, il s’arrêta pour s’informer d’eux des circonstances de la mort de l’empereur ; ils s’y prêtèrent de bonne grâce, et Capois descendit de cheval. Alors, à un signal de Romain, sa troupe parut, en même temps que l’adjudant-général Gérard saisissait le sabre de Capois. Celui-ci reconnut l’inutilité de la résistance ; mais il dit à Romain, que Christophe était heureux de lui avoir tendu ce piège ; car il lui aurait fait sentir la vigueur de son bras. Romain ordonna sa mort, et on le tua à coups de pistolets et de sabres[1].

Ainsi périt le héros de Vertières, dont la bravoure excita l’admiration de Rochambeau et des troupes françaises. Que d’événemens tragiques depuis cette mémorable journée du 18 novembre 1803 ! Que d’autres à raconter encore !…

  1. Je relate la mort de Capois d’après des notes que j’ai sur cet événement. M. Madiou prétend qu’il eut lieu le 8 octobre, et que Christophe fit répandre le bruit au Port-de-Paix, que c’était par ordre de Dessalines. L’écrit publié par Pétion le 17 janvier 1807, semble admettre aussi cette version ; il y dit : « Si vous n’avez pas été directement l’auteur de la mort du général Capois, qui venait de combattre les Espagnols à la frontière, au moins vous en avez été l’instrument ; et certes, vous pouviez le sauver. » Ce qu’en dit Pétion prouve qu’on ne savait pas alors les vraies circonstances de cet assassinat ; mais la lettre de Christophe à Romain, qu’il appela au Cap ainsi que Dartiguenave, m’a fait préférer la version qui assigne la mort de Capois après celle de Dessalines.