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lui-même provoqué le renversement de l’empereur : on pouvait donc espérer qu’il reconnaîtrait la nécessité des institutions politiques propres à garantir les droits de tous les citoyens, et c’est pour cela qu’on en parla si fermement dans le manifeste révolutionnaire. Mais, dans le cas où il ne le voudrait pas, on lui faisait entendre avec franchise, par conséquent sans perfidie, qu’il ne serait pas le chef définitif de l’État, sans avoir pour cela l’intention de l’abattre.


En signant cet acte, le général Gérin prit la qualité de ministre de la guerre et de la marine, probablement dans l’espoir d’être maintenu à cette charge par le chef provisoire du gouvernement. Cependant, se renfermant dans son rôle de révolutionnaire, et toujours belliqueux, il fit au conseil des officiers et fonctionnaires assemblés au palais impérial, une singulière proposition qui prouvait que son esprit n’avait pas constamment un sens judicieux. Elle tendait à partir avec toute l’armée réunie au Port-au-Prince, pour se porter d’abord à Marchand, enlever les trésors qui s’y trouvaient, et delà, aller au Cap et dans tout le Nord, afin d’y installer la révolution.

Le général Pétion fut d’un avis contraire ; il n’eut aucune peine à lui démontrer, qu’une telle résolution serait inconséquente au but qu’on s’était proposé en prenant les armes contre Dessalines ; que l’ayant atteint par sa mort, et proclamé le général en chef de l’armée comme le chef provisoire du gouvernement, il était à présumer d’abord, que l’Artibonite et le Nord adhéreraient au renversement de l’empereur comme à la proclamation du nouveau chef du pays ; qu’alors, c’était à Christophe de juger si les sommes existantes à Marchand devaient y