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d’escadron Racolier se présenta au camp Gérard à la tête d’un escadron, et demanda au chef du poste qu’il lui livrât son prisonnier ; mais cet officier exigea que, préalablement, il lui exhibât un ordre à cet effet, émané de l’autorité supérieure des Cayes. Racolier n’étant pas muni d’ordre, fit vainement ses efforts pour avoir Moreau ; il fut contraint de se retirer. Le 15, le capitaine Augustin revint à son poste, et enjoignit à Pilié et à un autre officier qui y étaient encore, au nom des autorités des Cayes, de s’y rendre, en leur permettant de faire leurs adieux à leur général prisonnier[1].

Le 16, un conseil des autorités des Cayes fut tenu pour décider du sort de Moreau et de Guillaume Lafleur, d’après les ordres reçus du général Gérin. Faubert, David-Troy et Borgella y furent appelés pour prendre part à la délibération. En y allant, ce dernier engagea David-Troy à parler en faveur de Lafleur, pour tâcher de le sauver ; car il voyait ce qui allait arriver. Effectivement, ils firent l’observation, à laquelle adhéra Faubert, qu’ils étaient seulement porteurs des ordres du général Gérin, et qu’ils ne pouvaient être membres du conseil des autorités : cependant, ils exprimèrent l’opinion, qu’il fallait reconnaître qu’on ne pouvait pas imputer à Lafleur, des faits coupables comme à Moreau. Borgella surtout s’exprima avec tant de chaleur, qu’il déplut à Racolier et à Voltaire qui manifestèrent leur mécontentement de ce qu’il voulait, disaient-ils, sauver un criminel[2]. En ce moment, Borgella se retira, laissant David-Troy et Fau-

  1. Notes de Pilié.
  2. On a prétendu dans le temps qu’une mésintelligence existait entre G. Lafleur et Voltaire, par rapport à une femme qui resta à ce dernier après la mort de l’autre.