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Après avoir passé le Tapion, Pétion rencontra l’avant-garde de Gérin, commandée par Solages, lieutenant de grenadiers dans la 15e, qui l’accueillit avec les honneurs militaires. Il arriva enfin au Petit-Goave, à midi, et y trouva sur la place d’armes, Gérin avec les 15e, 16e, 21e et 24e demi-brigades et leurs chefs. Il n’y avait plus qu’une chose à arrêter entre eux : c’était de franchir au pas de course les 17 lieues qui séparent le Petit-Goave du Port-au-Prince, pour s’en rendre maîtres ; car Pétion, comme Gérin, connaissait l’activité fébrile de Dessalines, déjà informé de l’insurrection du Sud par diverses voies[1].

La marche des troupes commença aussitôt. Arrivé au Grand-Goave, on y trouva réunies la 11e et la 12e. Les colonels Frontis et Apollon, ainsi que Germain Frère, ne montrèrent aucune disposition favorable aux chefs et aux troupes qui arrivaient du Petit-Goave ; mais les officiers et les soldats se guidaient sur Pétion. On veilla de plus près sur le général Germain pour qu’il ne s’évadât pas. La 15e et la 16e prirent la tête de la marche sur Léogane, la 11e et la 12e au centre, et la 21e et la 24e à l’arrière-garde ; on y fut rendu au coucher du soleil, et on passa la nuit dans cette ville. Pendant cette nuit, le général Germain fut arrêté, parce que ses allures prouvaient qu’il cherchait à se sauver. Partis au jour du 16 octobre, tous ces corps de troupes entrèrent au Port-au-Prince, le même jour, à quatre heures de l’après-midi.

Le général Gérin, en sa double qualité de ministre de

  1. Une lettre de Gérin, écrite le 15 octobre par Boisrond Canal, fut adressée à Faubert pour l’inviter à venir de suite à l’armée ; elle était datée du Petit-Goave, peu d’instans après l’entrevue de Gérin avec Pétion : il disait à Faubert : « J’ai eu le bonheur de joindre le général Pétion ; nous nous sommes parfaitement entendus, et défilons sans perdre de temps pour le Port-au-Prince. Jusqu’à présent, le Souverain Arbitre a dirigé nos pas. »