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pour se tenir prêtes à marcher avec lui, afin de le délivrer des mains des perturbateurs de la tranquillité publique qui avaient osé commettre cet attentat. En attendant, et pour savoir au juste quelle était la force de ces derniers, il expédia à cet effet le colonel Wagnac à la tête d’un escadron. Les troupes reçurent l’ordre de rester l’arme au pied. Papalier quitta la place d’armes pour aller s’assurer de la position de l’arsenal et des postes de la ville, et y donner ses ordres.

Il était à peine parti, que des murmures éclatèrent dans les rangs des troupes, de la part des officiers et des soldats ; quelques-uns, cependant, plaignirent hautement la situation où se trouvait Moreau. Mais l’insurrection se propageait dans toute la ville des Cayes ; chacun pensait ou pressentait que le colonel Wagnac allait grossir le nombre des insurgés de la campagne.

Francisque, colonel de la 15e demi-brigade en garnison à l’Anse-à-Veau, se trouvait fortuitement aux Cayes pour le règlement de quelques affaires. L’adjudant-général Véret, employé dans la 2e division, y était aussi par des motifs semblables. Ceux qui se décidaient, pour le mouvement sentirent l’importance de l’adhésion de Francisque à leur manière de voir, parce que, commandant à 1500 baïonnettes, il pouvait y entraîner aussi le colonel Bruny Leblanc et la 16e demi-brigade qu’il commandait, également à l’Anse-à-Veau. À cet effet, ils députèrent auprès de Francisque, son allié Glézil fils (l’auteur des notes citées) pour l’en persuader. Mais Glézil trouva ce colonel fort opposé à l’insurrection ; ayant fait, son rapport aux autres, ils restèrent consternés.

Pendant la nuit du 8 au 9, on fut dans une anxieuse situation aux Cayes. On ne voyait pas revenir Wagnac,