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commandent leurs devoirs. C’est encore pis, quand les gouvernemens donnent de justes sujets de se plaindre d’eux.

Enfin, l’empereur était arrivé aux Cayes, le 1er août, avec les préventions qu’il avait eues contre Geffrard par rapport à Rigaud, dans des dispositions défavorables à la population de cette ville qui regrettait l’illustre général dont les cendres étaient encore chaudes, mais dont la mort prématurée avait fait tant de plaisir au chef de l’Etat. Tandis qu’il ne pensait qu’à une conspiration de la part de Geffrard pour favoriser le retour de Rigaud, le général Moreau, ancien officier aussi sous ce grand révolutionnaire, mais dont les sentimens s’étaient pervertis dès sa chute, en 1800 ; Moreau, pour obtenir le commandement de la 1re division du Sud, vacante comme la 2me division, lui affirma que Geffrard conspirait au moment de sa mort, en faveur du général en chef H. Christophe et d’accord avec lui. Il assura à l’empereur qu’il trouverait la preuve de cette conspiration dans la correspondance et les papiers de Geffrard, que, par ces motifs, il s’était empressé de mettre sous scellé. Nous avons dit qu’en effet, Moreau avait entendu citer le nom de Christophe dans le projet qui s’élaborait aux Cayes ; il était dans le vrai, sans pouvoir particulariser ses preuves. L’examen des papiers de Geffrard devenait donc d’un haut intérêt pour Dessalines, bien que le général en chef eût été assez habile, dans le conseil secret du 1er janvier, pour détruire en partie ses anciennes préventions contre lui, en entrant dans ses idées de meurtre projeté contre Geffrard et Pétion. Mais un homme comme H. Christophe, qui, dans cette circonstance, avait montré un tact si fin, une politique si profonde, pour mieux conjurer contre