tice commise envers lui ; et le propre d’une injustice est d’en entraîner d’autres, même des crimes.
Thomas Thuat était donc signalé d’avance à une basse cupidité : on le dénonça à l’empereur, aussitôt son arrivée à Jacmel, comme continuant à faire la contrebande. Il ordonna, dit-on, une visite domiciliaire chez cet Anglais par des agents de police : « Dessalines se convainquit de la véracité des rapports qui lui avaient été adressés. » Mais, agissant autrement que le directeur des domaines Inginac : « Il fit assassiner Thomas Thuat… Ses magasins furent séquestrés (confisqués) au profit de l’Etat ; sa caisse pleine d’or et d’argent fut livrée à Dessalines ; les sommes que celui-ci en retira furent employées à créer une maison de commerce éphémère, sous la raison sociale Innocent et Cie[1] »
Voilà la plus forte preuve de la contrebande que faisait l’infortuné Thomas Thuat ; voilà ce qui motiva son lâche assassinat. Et comment qualifier cette appropriation de la fortune de cet Anglais ? Dirons-nous aussi, en terme de commerce, Innocent assassinat, Spoliation et Cie ?
Lorsqu’un chef de gouvernement commet de pareils actes, ne provoque-t-il pas la sainte insurrection du peuple, par le gémissement qu’ils font sortir de tous les cœurs ? N’y a-t-il pas au fond de toutes les sociétés humaines, une morale éternelle qui s’indigne contre de telles atrocités, et qui les soulève pour frapper les chefs qui s’en rendent coupables ?
Après cet Anglais, — les Haïtiens : « L’empereur fit encore vérifier tous les titres de propriété, même ceux
- ↑ Hist. d’Haïti, t. 3, p. 275. L’auteur ajoute que c’est sur une note fournie par Inginac. Innocent était le nom d’un fils naturel de Dessalines.