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l’aimait ; elle était désormais sous l’influence de Romain, dont Capois n’ignorait pas l’intimité avec Christophe. Sans instruction, sans affabilité, mécontent de toutes sortes de manières, il fut annulé politiquement dans sa division : il sentait qu’il était absolument sous la dépendance du général en chef qui, au Limbé ou au Port-de-Paix, avait en Romain un lieutenant.

Quant au général Toussaint Brave, homme de bien, militaire obéissant, il n’offusquait pas Christophe ; il en était de même de Raphaël et de Charles Lalondrie, généraux de récente création. Et d’ailleurs, l’élévation de Christophe à la tête de l’armée, après la mutation de Yayou, de la Grande-Rivière à Léogane, — et de Capois, du Port-de-Paix au Cap, disait à tous qu’il ne fallait pas lutter avec cet esprit dominant, qui avait tant aidé à la fin tragique de Moïse après les boucheries de 1799, qui avait débarrassé l’empereur de Sans-Souci, d’une manière si impitoyable.

Christophe se voyait donc à peu près assuré de l’avenir dans le Nord ; car Capois, effacé aux yeux des troupes, était néanmoins redoutable par sa bravoure audacieuse ; mais le général en chef savait par quel moyen il pourrait neutraliser, détruire cet obstacle.

Dans l’Artibonite, ou la 1re division de l’Ouest, il ne pouvait exercer aucune influence, parce que tous ces lieux étaient commandés par des hommes tout-à-fait dévoués à Dessalines qui y dominait réellement.

Et comment gagner à ses vues les départemens de l’Ouest et du Sud où commandaient des généraux tels que Pétion, Geffrard, Jean-Louis François et Férou ? C’est envers eux que Christophe dut user de toute sa dextérité ; mais, il faut dire aussi que les circonstances s’y prê-