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flattaient les siennes (car, dans son état-major, il y avait des hommes honorables qui en gémissaient), il ne pouvait pas arriver à d’heureux résultats. Ceux de ses secrétaires qui faisaient les actes du gouvernement, ne jouissaient d’aucun crédit dans l’opinion honnête du pays ; ces actes étaient donc frappés de défaveur par cela seul. Et lorsqu’on voyait ces hommes profiter de leur position, pour écarter systématiquement du conseil du chef de l’État, ceux qui pouvaient lui inspirer de meilleures idées, des sentimens plus conformes au vœu général, il en résultait nécessairement que ce chef, qui cédait à ces manœuvres, supportait la responsabilité attachée à l’imperfection ou à la mauvaise conception des actes qu’il publiait. On attribuait à son caractère personnel, incorrigible de sa nature, à son despotisme brutal, ce besoin de dominer qui le portait à s’affranchir de conseils éclairés : de là des préventions bien légitimes contre celui que les circonstances et ses anciens services avaient appelé à la tête du gouvernement. Que fut-ce maintenant, quand, du dédain qu’il avait eu pour ses compagnons d’armes, il passa lui-même à des préventions personnelles contre les plus méritans !

Toutefois, si les généraux de l’empire eurent à se plaindre dumanque de procédés et de convenances à leur égard, influens et tout-puissans eux-mêmes dans le cercle de leurs attributions, ils ne fuient pas les premiers à sentir le poids du despotisme qui pesait depuis dix-huit mois sur le pays.

Dans les chapitres précédens, on a vu que l’armée, ce nerf vigoureux de la puissance nationale, n’avait pas tardé à être replacée sous le régime militaire de 1801 ; mais avec cela, elle n’avait pas le dédommagement dont elle