Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaient avec activité depuis plusieurs mois. Ils furent accueillis gracieusement par l’empereur.

Le 1er janvier, une cérémonie en commémoration de celle qui avait eu lieu aux Gonaïves à pareil jour de 1804, se passa avec encore plus de pompe. Par ordre de l’empereur, Boisrond Tonnerre prononça un discours où il rappelait les crimes commis par les Français et la noble résolution qui avait armé la nation pour les combattre, les expulser du pays et proclamer son indépendance de la France. Le langage véhément dont il se servit excita l’âme ardente de l’empereur qui prononça de nouveau le serment « de vivre libre et indépendant, ou de mourir : » il fut répété avec enthousiasme par tous les généraux de l’empire, les fonctionnaires, les troupes et le peuple réunis autour du chef de l’Etat. Cette cérémonie inaugura la fête nationale de l’indépendance, où des discours devaient toujours rappeler au peuple, le devoir qu’il avait contracté envers lui-même et sa postérité, où le serment sacramentel devait longtemps se reproduire, jusqu’à ce qu’enfin l’indépendance et la souveraineté d’Haïti fussent solennellement reconnues par la France.

Ce fut le général de division H. Christophe qui commanda cejour-là les manœuvres des troupes qui défilèrent devant l’empereur. Au moment de l’arrivée de l’empereur sur la place d’armes et près de l’autel de la patrie où il allait monter, Christophe commanda aux troupes de s’agenouiller pour lui présenter les armes ; ce fut désormais une règle établie, pour toute occasion où l’empereur paraîtrait devant un corps quelconque[1].

  1. Voyez Hist. d’Haïti, t. 3, p. 185 à 188, pour l’ensemble et les détails de cette fête.