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Les journaux étrangers ayant fait savoir que le couronnement de l’Empereur des Français aurait lieu en décembre, il fut jugé convenable de couronner l’Empereur d’Haïti plus tôt, et cette cérémonie fut fixée au 8 octobre. Il n’y avait pas lieu de l’attendre pour porter le titre nouveau.

Le 2 septembre, l’Empereur se fit acclamer par son état-major et la 4e demi-brigade, son ancien corps, toujours sa troupe de prédilection, où se trouvaient beaucoup de jeunes hommes : il y eut enthousiasme, vrai ou feint, de la part de tous ceux qui étaient présens à Marchand.

L’acte prétendu du 25 janvier fut alors imprimé, portant les noms de tous les généraux seulement. Un autre avait été préparé, comme réponse du chef de l’État au vœu qui lui était manifesté ; il fut aussi imprimé. Le voici :

Le gouverneur général,

Aux généraux de l’armée et aux autorités civiles et militaires, organes du peuple.

Citoyens,

Si quelque considération justifie à mes yeux le titre auguste que votre confiance me décerne, ce n’est que mon zèle, sans doute, à veiller au salut de l’Empire, et ma volonté à consolider notre entreprise : entreprise qui donnera de nous, aux nations les moins amies de la liberté, non l’opinion d’un ramas d’esclaves, mais celle d’hommes qui prédilectent leur indépendance au préjudice de cette considération que les puissances n’accordent jamais aux peuples qui, comme nous, sont les artisans de leur propre liberté, qui n’ont pas eu besoin de mendier des services étrangers pour briser l’idole à laquelle nous sacrifiions.

Cette idole, comme Saturne, dévorait ses enfans, et nous l’avons foulée aux pieds. Mais n’effaçons pas ces souvenirs ; rappelons ce que la récence de nos infortunes a imprimé dans nos âmes ; ils se-