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vaient surtout dans les ports ouverts, où les douanes étaient établies, pour les recevoir, tant sur l’importation des marchandises que sur l’exportation des produits agricoles.

Cette digression n’est pas inutile ; car on a trop longtemps accusé T. Louverture d’avoir fait massacrer les hommes qui furent employés à l’enfouissement de ces sommes fabuleuses. Les paroles que nous venons de rapporter de lui, prononcées au cachot de Joux, font voir qu’il s’agissait des soldats de sa garde. Une autre version que rapporte M. Madiou[1], lui impute d’avoir fait sacrifier 400 Espagnols qui avaient été arrachés de leurs de meures, et qui conduisirent les mulets chargés de ces sommes ; » et cela, au moment où il prenait la résolution de résister au capitaine-général envoyé par la France[2].


Tandis que les généraux Hardy et Rochambeau se dirigeaient sur les Cahos, le général Debelle partait aussi des Gonaïves, pour se porter à la Petite-Rivière.

Après ces dispositions prises pour anéantir la résistance de T. Louverture, le capitaine-général quitta les Gonaïves

  1. Histoire d Haïti, t. 2, p. 171. — Les colons avaient tant vanté l’administration de T. Louverture, qu’il était permis de supposer qu’il avait des réserves énormes. Lui-même, dans sa correspondance avec le gouvernement français, donnait lieu à le croire en prônant la grande prospérité de la colonie. Dans son Mémoire, il dit encore : « L’île était parvenue à un degré de splendeur où on ne l’avait pas encore vue. Et tout cela, j’ose le dire, était mon ouvrage. » Mais qui croira qu’après tant de révolutions et de guerres Saint-Domingue était plus prospère en 1801 qu’en 1789 ?
  2. Nous avons sous les yeux l’ouvrage d’un colon, qui impute à T. Louverture l’assassinat de 60 à 80 noirs sur l’habitation D’Héricourt, où ils avaient charroyé plusieurs millions enfouis dans les montagnes. Toutes ces accusations décousues ne reposent que sur l’erreur. T. Louverture a commis tant de crimes, qu’il était facile à chacun d’en supposer encore à sa charge. Mais quand le diable a raison, il ne faut pas lui donner tort.