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80,000 portugaises, qu’il évalue de 32 à 55 millions de francs. Mais, à moins que ce ne soit une faute de son texte, lui-même aurait commis une grosse erreur en faisant une telle évaluation ; il aurait fallu 800,000 portugaises au lieu de 80,000, pour faire ses 55 millions de francs[1].

« Au surplus, dit cet auteur, tout ceci n’est encore qu’hypothétique : le trésor enfoui dans les mornes du Cahos peut avoir une valeur plus forte, parce que T. Louverture, malgré l’ordre qui régnait dans son administration, dont à notre approche il a fait brûler la majeure partie des registres, a pu se ménager, par des traités et des franchises, des recettes inconnues. La valeur des sommes enfouies peut enfin être beaucoup plus faible, quand on calcule les achats immenses d’armes et de munitions qu’il avait contractées d’une manière clandestine, à des prix exorbitans. Il est possible aussi qu’ayant envoyé des fonds aux États-Unis, ces fonds soient restés après sa mort entre les mains de ceux à qui il les avait confiés. »

Le mystère qui entourait souvent les actes politiques de T. Louverture, en a fait imaginer autant pour ses actes administratifs. Or, si P. de Lacroix convient qu’il y avait de l’ordre dans son administration, comment supposer que les fonctionnaires de cette branche de service n’auraient pas su au juste la valeur de toutes ces réser-

  1. La portugaise valant 8 piastres, 80,000 portugaises ne font que 640,000 piastres, ou environ 3,300,000 f. et non pas 33,000,000 de francs. Il faut, pour avoir une telle somme, 6, 400,000 piastres, ou 800,000 portugaises. Voyez Pamphile de Lacroix, t. 2, p. 122. M. Madiou adopte le chiffre de cet auteur, sans avoir remarqué son erreur : il est vrai qu’il le fait sous la forme dubitative du peut-être. Voyez Histoire d’Haïti, t. 2, p. 172.