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salines[1]. Il envoya sa famille au Grand-Cahos, afin de la mettre à l’abri de l’ennemi.

Le résultat du combat de la Ravine-à-Couleuvre fut important, et tout à l’avantage de la résistance qu’opposait T. Louverture à Leclerc : il lui permit de rallier les généraux qui combattaient avec lui, ainsi que le peu de troupes qu’ils avaient sous leurs ordres, et facilita les opérations qu’il méditait dès-lors pour faire diversion à la concentration des troupes françaises aux Gonaïves ; car, après sa défaite à la Ravine-à-Couleuvre, Rochambeau, au lieu de se porter au Pont-de-l’Ester comme il en avait eu le projet, se rendit dans cette ville auprès du capitaine général, qui se préoccupait de la résistance que faisait Maurepas aux Trois-Pavillons.

Le général Debelle, en arrivant au Port-de-Paix le 17 février, s’était empressé de marcher contre Maurepas sur deux colonnes, composées des troupes qu’il avait emmenées et de celles du général Humbert. « Il était temps, dit P. de Lacroix ; Maurepas avait réuni à ses 2000 hommes de troupes coloniales plus de 5000 cultivateurs, et était au moment de rentrer au Port-de-Paix… Les troupes du général Humbert, qui étaient harassées de fatigue, ne purent réussir ; celles de renfort qui devaient tourner la position et la prendre par ses derrières furent arrêtées dans leur marche par les torrens et les mauvais chemins. Maurepas les assaillit dans des défilés, réunit

  1. Isaac Louverture prétend que Dessalines avait donné l’ordre de raser ce fort : le Mémoire de son père semble confirmer cette assertion, tandis que ceux de Boisrond Tonnerre avancent que le fort fut rasé par Vernet, et que ce fut Dessalines qui rétablit sa défense. Mais nous avons lieu de suspecter la véracité de ce secrétaire de Dessalines, qui a attribué à lui seul tout le mérite de la résistance faite aux Français dans l’Artibonite.