Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retirèrent pour se rendre à l’embouchure des Trois-Rivières. Cette manœuvre décida Maurepas à faire évacuer la ville par la population de toutes couleurs, afin de se porter dans la montagne : il y fit transporter les munitions de guerre et l’artillerie de campagne.

Le débarquement des troupes françaises s’étant opéré, elles eurent à combattre un bataillon de la 9e demi-brigade que Maurepas avait envoyé pour s’opposer au passage des Trois-Rivières, dont les eaux avaient grossi par les pluies qui tombaient depuis plusieurs jours. Ne pouvant forcer le passage en cet endroit, les Français passèrent à un autre gué au-dessus, sur l’habitation Paulin. Là encore, une embuscade dirigée par le capitaine Capois, de la 9e, leur opposa quelque résistance. Capois, dont la renommée allait grandir dans cette guerre, y fut blessé.

En voyant le débarquement s’effectuer, Maurepas donna le signal de l’incendie du Port-de-Paix, en mettant le feu à sa propre maison, imitant H. Christophe, exécutant l’ordre de T. Louverture. Il se retira au fort des Trois-Pavillons, situé dans la montagne, à trois lieues de la ville, se préparant au combat et ordonnant de respecter les familles réfugiées dans les mornes environnans : les blancs eux-mêmes furent respectés, comme au Cap, comme on devait le faire partout.

Le général Humbert, ayant pris possession des ruines du Port-de-Paix, le 12 février, marcha contre les Trois-Pavillons qu’il attaqua avec vigueur. Repoussé avec non moins de vigueur par les troupes et la garde nationale, sous les ordres de Maurepas, il dut retourner au Port-de-Paix. Divers officiers, devenus fameux par la suite, se distinguèrent parmi les troupes coloniales : c’étaient René