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les Espagnols et les émigrés français réunis aux Gonaïves.

Toutefois, si c’est là une excuse à présenter pour lui, ce n’est point une justification : les représailles sanglantes, comme les crimes qui les provoquent, sont du domaine de la barbarie.

Au Grand-Goave, Pierre Tony ne fît fusiller qu’un blanc qui lisait la proclamation du Premier Consul : c’était une grande modération dans la circonstance. Mais Delpech, au Petit-Goave, refusa d’exercer aucun acte de violence sur les blancs.

Secondé par le chef de bataillon Larose, de la 8e, P.-L. Diane n’avait pu faire transporter les munitions et l’artillerie qu’au Cabaret-Carde, position au pied des mornes.

Pendant ces opérations, Dessalines s’efforçait de persuader les cultivateurs de la plaine et des montagnes environnantes, de la nécessité de résister aux Français pour défendre leur liberté ; mais ces hommes qui avaient souffert du régime de T. Louverture, dont il n’avait été lui-même qu’un instrument passif, ne l’écoutèrent pas. Il se dirigea alors sur Jacmel avec son détachement de la 7e, afin d’y organiser la résistance par Dieudonné Jambon qui, déjà, se laissait influencer pour se soumettre aux Français. Reconnaissant que la population de cette ville lui était hostile, il se hâta d’en sortir et de prendre la route du Cul-de-Sac par les montagnes. Dans ce trajet, il fut encore en butte à la haine des cultivateurs, et dut faire tirer sur des rassemblemens qui voulaient s’emparer de lui. Trois jours après son départ du Cul-de-Sac, il y était rendu ; il ordonna alors à Magny, Monpoint et Lamartinière de le suivre avec leurs troupes à la Petite-Rivière, en passant par le Mirebalais.

Ces faits prouvent combien le despotisme sanguinaire