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les prisonniers du Sud l’avaient été après la guerre civile. Ces faits se passèrent le 12 février.

Ainsi, T. Louverture arrivait au dernier acte du drame sanglant qu’il avait commencé par les anciens libres, mulâtres et noirs. Les nouveaux libres noirs avaient eu leur tour ; en ce moment, c’était celui des blancs qui avaient tant applaudi aux deux premiers actes.

Quelle preuve plus convaincante pourrions-nous ajouter à nos démonstrations consignées dans les deux époques précédentes, concernant la guerre de couleur et de caste, que ces ordres barbares donnés en 1802 contre les blancs colons ? Verra-t-on encore ici une proscription contre la couleur ou la caste de ces derniers ? Est-il donc possible que T. Louverture ait proscrit successivement la couleur ou la caste jaune, la couleur ou la caste noire, la couleur ou la caste blanche ? Non ! Mais il immola tour à tour les hommes qui faisaient obstacle à ses vues politiques, qui résistaient à ses volontés, qui contrariaient son pouvoir dominateur : sa vanité, son orgueil, son ambition démesurée, voilà les causes de toutes ses fureurs. Nous l’avons déjà dit : à ses yeux les hommes, n’importe leur couleur, n’étaient que des instrumens, des machines ; cette fausse politique conduit toujours et fatalement aux plus grands crimes.

Cependant, on peut encore dire que le massacre des blancs fut ordonné par lui, en représailles de celui des militaires du Fort-Liberté et de la Rivière-Salée, par Rochambeau et Hardy ; car, en répondant au premier : « qu’il allait combattre jusqu’à la mort pour venger la mort de ces braves soldats, » T. Louverture n’était pas homme à ne se venger que par la guerre. Il l’avait prouvé lors de sa soumission à Laveaux, en massacrant