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Raphaël, T. Louverture avait donné l’ordre à Dessalines de se rendre en toute hâte au Port-au-Prince, par rapport à l’escadre de l’amiral Latouche Tréville qui y portait la division Boudet. Dessalines ne mit que vingt-quatre heures pour arriver dans la plaine du Cul-de-Sac, en passant à Saint-Marc, où il en ordonna la défense en cas d’attaque : le colonel Gabart y commandait. Il n’arriva donc qu’après la prise du Port-au-Prince, et joignit Magny, Lamartinière et Monpoint à la Croix-des-Bouquets. De l’Arcahaie, où était le général Charles Bélair, il emmena avec lui un bataillon de la 7e demi-brigade. Regrettant de n’avoir pu être à même de défendre le Port-au-Prince ou de l’incendier, il donna l’ordre à ses officiers de l’attendre au Cul-de-Sac, après avoir abandonné la Croix-des-Bouquets, à l’approche d’un détachement français que le général Boudet y envoya, en apprenant son apparition dans ce bourg. C’était le 9 février.

Dans la marche de la garde d’honneur, O’Gorman, Saint-James et les autres émigrés, qui servaient dans ses rangs, et qui avaient été contraints à suivre ce corps, se sauvèrent et allèrent joindre les Français, « heureux, dit P. de Lacroix, de se séparer des cannibales qui ne laissaient pour trace que l’assassinat et le feu. »

Heureusement encore, cet auteur ajoute que ce fut à l’humanité du capitaine noir Patience, qu’ils durent de pouvoir prendre la fuite ; car il prouve ainsi lui-même que les noirs ne sont pas tous des cannibales. Or, ces émigrés avaient été au service des Anglais qu’ils aidaient pour remettre les noirs dans l’esclavage ; ils avaient aidé T. Louverture dans son système, si contraire aux noirs  ; ils le flattaient du temps de sa puissance ; ils rejoignaient les Français venus dans la colonie pour rétablir l’esclavage