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Cet auteur continue ainsi à l’occasion de cette découverte :

« Il y avait de la grandeur d’âme dans la conduite du général Boudet. Le capitaine-général Leclerc lui avait communiqué une partie des instructions secrètes qui lui avaient été données. Ces instructions, dont j’ai déjà parlé, classaient les noirs et les blancs en catégories. Le temps même n’avait pas échappé au classement. De telle époque à telle époque on devait se conduire ainsi, de telle époque à telle époque on devait se conduire autrement. Comme si les prostitutions pouvaient avoir des témoins, un dernier paragraphe du troisième chapitre de ces instructions déplorables portait textuellement : « Les femmes blanches qui se sont prostituées aux nègres, quel que soit leur rang, seront envoyées en France.  »

Nous avons signalé diverses erreurs commises par P. de Lacroix ; mais toutes les fois qu’il affirme avoir lu des documens ou su par lui-même ce qu’il relate, nous ne pouvons révoquer en doute ses assertions. Or, ici, s’il affirme aussi positivement ce qui a rapport aux instructions secrètes, c’est en vain que les mémoires de Sainte-Hélène prétendent qu’elles sont restées inconnues après la mort de Leclerc ; et l’on ne doit point s’étonner qu’ils aient cherché à relever les indiscrétions de P. de Lacroix.

Et est-il encore étonnant que ces instructions secrètes contenaient de telles prescriptions, de telles catégories, quand Malouet y avait contribué ? Lorsque nous arriverons à l’année 1814, on verra celles qu’il donna à ses trois agens envoyés à Haïti, en sa qualité de ministre de Louis XVIII. C’était toujours le même homme, encroûté de préjugés.


On a vu que le 5 février, entre Saint-Michel et Saint-