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Le général Boudet ne tarda pas à prendre des mesures de police qui inspirèrent de la confiance, non-seulement aux habitans du Port-au-Prince, mais aux cultivateurs des campagnes qui l’avoisinent, et même aux officiers et soldats de l’armée coloniale. Par ses ordres, les officiers et les soldats français firent bon accueil à tous sans distinction de couleur : ils trouvèrent réciprocité de leur part.

Il faut dire aussi que si l’antagonisme entre le Sud et le Nord éclata avec fureur dans la guerre civile, les hommes de l’Ouest étaient eux-mêmes impatiens de la domination de ceux du Nord, depuis l’évacuation des Anglais du Port-au-Prince. Les horreurs commises dans cette ville par ordre de T. Louverture, exécutées par Dessalines et d’autres inférieurs, avaient rendu excessivement odieux le joug imposé aux hommes de couleur et aux cultivateurs.

Dans cette disposition d’esprit, peu de jours après la prise de possession du Port-au-Prince par les Français, tous les officiers des environs firent leur soumission au général Boudet, en qui l’on trouvait une grande modération et des formes propres à faciliter sa tâche. Cet officier avait servi à la Guadeloupe, et avait été à même d’apprécier la valeur et le dévouement à la France, des noirs et des mulâtres de cette colonie, qui la défendirent si bien contre les Anglais ; et sachant que ceux de Saint-Domingue avaient agi de même, doué d’un sentiment de justice, il était naturellement porté à vouloir assurer l’empire de la métropole, plus par la persuasion et les bons procédés que par la rigueur.


    tion Chitry. Là, en effet, fut un champ de carnage dont il sera question plus avant ; et ce fut par ordre de Dessalines, d’après les instructions de T. Louverture.