Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas donné l’ordre, Lamartinière le tua d’un coup de pistolet et fît prendre les munitions. Cette violence nous semble avoir été cruelle et inexcusable : avec les forces dont il disposait, Lamartinière pouvait se saisir de la personne du directeur de l’arsenal et le paralyser. Mais il est évident que par cette action énergique, il voulait produire la terreur au Port-au-Prince, pour empêcher les défections. Afin de compléter la mesure, il fit arrêter une certaine quantité de blancs, qui furent gardés à vue dans les casernes, comme des otages.

Bardet fut envoyé au fort Bizoton avec une partie de son bataillon de la 13 me, tandis que l’autre partie occupait le blockhaus connu sous le nom de Dessources ou Reconquis, situé sur une position du morne L’Hôpital. Les deux autres bataillons de cette demi-brigade, sous les ordres de leurs commandans Jean-Louis François et Coco Herne, tenaient alors garnison à Bayia-Hunda, dans la baie de Neyba, où T. Louverture jetait les fondemens d’une ville[1]. Vendôme, son colonel, se trouvait dans le Sud.

Il y avait au fort de Léogane, au sud du Port-au-Prince, une compagnie de dragons de la garde d’honneur sous les ordres de Barthélémy Marchand, et une autre de cette garde à pied sous ceux d’Eloy Turbé. Le reste de ce corps occupait le fort National, et les autres troupes de la 3 me campaient en divers endroits dans l’enceinte de la ville. Des artilleurs garnissaient les forts Sainte-Claire, Saint-Joseph et de l’Ilet.

Après la réponse des officiers supérieurs, le général Boudet résolut d’opérer le débarquement de ses troupes,

  1. C’est par erreur que P. de Lacroix dit que les trois bataillons de la 13e étaient au Port-au-Prince. Les Mémoires de Boisrond Tonnerre confirment notre assertion.