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que la France comptait pour assurer son empire dans la colonie contre les noirs !…

Encore une fois, ne sommes-nous pas autorisé à accréditer l’assertion d’Isaac Louverture, à croire ce que la pénétration de Pétion lui fit découvrir, sur le projet formé de déporter Rigaud et les autres à Madagascar ?


Enfin, après avoir parcouru la lettre du Premier Consul, T. Louverture s’entretint avec ses enfans et M. Coisnon, qui lui rapportèrent les paroles proférées aux Tuileries et celles que le général Leclerc avait prononcées au Cap. Mais il observa judicieusement que les faits ne répondaient point à toutes ces déclarations verbales et écrites. M. Coisnon l’engagea à aller au Cap, auprès de Leclerc. Il repoussa ce conseil, par la raison que la conduite du capitaine-général ne lui inspirait aucune confiance ; d’ailleurs, Leclerc ne lui avait pas écrit pour appuyer les promesses du Premier Consul. C’eût été perdre de sa dignité que de faire une telle démarche, il faut en convenir ; et il s’y connaissait trop pour s’abaisser à ce point. Il promit cependant que, rendu aux Gonaïves, il écrirait lui-même à Leclerc, en envoyant M. Granville, Français d’une grande respectabilité, qui y dirigeait l’éducation de son jeune fils nommé Saint-Jean.

T. Louverture ne resta que 2 heures avec sa famille. Le 10 février, il se porta aux Gonaïves, d’où il expédia effectivement M. Granville, en le faisant accompagner à Ennery par P. Fontaine. Ils y arrivèrent dans la nuit du 11 au 12. MM. Granville et Coisnon, Placide et Isaac partirent pour le Cap. La lettre qu’ils remirent à Leclerc disait : « qu’il ne dépendait que de lui de perdre entièrement la colonie ou de la conserver à la France ; que T. Lou-