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Le général Rochambeau occupait le Fort-Liberté et ses environs.

Le 7 février, Leclerc envoya deux officiers d’état-major à bord du Jean-Jacques, pour faire venir auprès de lui M. Coisnon, Placide et Isaac Louverture. Il y avait 48 heures que ce vaisseau était sur la rade du Cap, et ils n’étaient pas encore débarqués ! Leclerc leur annonça son intention de les envoyer auprès de T. Louverture. « J’ai le plus grand espoir, dit-il aux jeunes gens, de m’entendre avec votre père ; il était absent, il n’a pu rien ordonner. Il est nécessaire que vous lui apportiez la lettre du Premier Consul, qu’il connaisse mes intentions et la haute opinion que j’ai de lui[1]. »

M. Coisnon et ses élèves partirent dans la soirée et arrivèrent, le 8 dans la nuit, à Ennery, où se trouvaient madame Louverture et sa famille. Avis ayant été donné immédiatement à T. Louverture, de leur présence dans ce bourg, il y arriva le 10, à deux heures du matin, ayant quitté Saint-Marc dans la journée du 9.

Si la femme de T. Louverture dut se réjouir du retour de Placide et d’Isaac auprès d’elle, la joie du père qui revoyait ses enfans après six années de séparation ne fut pas moins vive. Mais ce père était en même temps le chef d’un pays qu’une armée venait d’envahir pour lui ravir sa position. Après avoir témoigné à M. Coisnon sa reconnaissance pour les soins qu’il avait donnés à l’éducation de ses fils, il leur demanda s’il était vrai, comme il l’avait appris, qu’ils fussent porteurs d’une lettre du Premier Consul pour lui.

  1. Mémoires d’Isaac Louverture. Selon P. de Lacroix, la terre avait refusé des pilotes à la frégate qui portait ces jeunes gens, et qui se présenta devant le Cap le 4 février. C’est encore une excuse qu’il a inventée en faveur de Leclerc : Isaac dit le contraire.