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avis de l’un de ses amis des Cayes, que son arrestation était résolue ; en même temps, Théodat Trichel, son frère Bergerac, Wagnac et Vancol lui faisaient proposer de se mettre à la tête de l’insurrection qu’ils effectuèrent au Port-Salut. Férou ne pouvait donc plus tenir à la promesse qu’il avait fait parvenir à Borgella, puisqu’il se prononça alors, dans les derniers jours de janvier ou au commencement de février.

Ignorant ces faits, Borgella se porta aux Irois avec ses gens, pour continuer sa marche sur Tiburon : il y coucha. Déjà, un indigène était allé prévenir ceux de Tiburon qu’il y avait peu de monde aux Irois, sous les ordres d’un commandant européen ; bien pilotés, évitant tous les postes, ils vinrent dans la nuit et cernèrent la maison de cet officier où dormait Borgella. Celui-ci, réveillé par le bruit tumultueux des assaillans, n’eut pas le temps de s’habiller ; s’armant de son sabre et de ses pistolets, il ouvrit la porte, déchargea ses armes, et, le sabre à la main, s’ouvrit un passage parmi eux. Échappé de ce danger, il fut contraint de fuir en cet état jusqu’à l’Îlet-à-Pierre-Joseph où il rallia sa troupe débandée par la surprise. Ayant fait mander des secours à l’Anse-d’Hainaut, il marcha sur les Irois d’où il chassa les indigènes, qui prirent la route de Tiburon ; il retrouva la plupart de ses effets qu’ils n’avaient pu emporter.

Reprenant sa marche contre Tiburon, il en repoussa encore les indigènes qui ne s’enfuirent pas comme la première fois ; car ils se retirèrent sur une éminence qui domine le bourg. Environ trois heures après, ils se reformèrent et attaquèrent les troupes de Borgella qu’ils chassèrent à leur tour. Borgella faillit tomber en leur pouvoir et reçut une blessure au bras : poursuivi jusqu’au