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qualités qui le distinguaient, la bienfaisance surtout tenait peut-être le premier rang.

Hors la passive protestation de Jean Panier et de Goman, qui se jetèrent dans les bois pour ne pas obéir aux Français, mais qui n’entreprirent rien dans ces premiers temps, cette extrémité de la péninsule méridionale dupays avait joui de la tranquillité. Le rôle de l’administrateur se bornait donc, pour Borgella, à maintenir l’ordre dans l’étendue de son commandement. Mais, lorsque les persécutions et les crimes eurent commencé dans l’arrondissement de Jérémie et des Cayes, et que Gilles Bénech et Nicolas Régnier se furent jetés aussi dans les bois comme Goman, les agitations commencèrent. Ces chefs de bandes s’étant organisés, vinrent en janvier 1803 s’emparer du bourg de Tiburon : alors, l’action du militaire commença.

Férou, commandant des Coteaux, écrivit à Borgella pour l’inviter à se porter contre Tiburon, tandis qu’il agirait de même de son côté : c’était remplir un devoir strict, dans les circonstances où ils se trouvaient tous deux. Borgella marcha à la tête de la garde nationale et de quelques troupes de ligne, et réussit à surprendre les indigènes qu’il chassa de Tiburon. Mais n’y voyant pas venir Férou, et reconnaissant que l’ennemi était en forces, il abandonna ce bourg où l’ennemi revint, et retourna à l’Anse-d’Hainaut.

Il avait espéré qu’en joignant Férou, ils eussent pu conférer sur la situation des choses ; car il n’ignorait pas la prise d’armes du Nord et de l’Artibonite, ni les insurrections de l’Ouest. L’exemple de Pétion et de tous leurs camarades d’armes de la 13e demi-brigade devait les guider. Dans cette pensée, il écrivit de suite à Férou en