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Borgella et David-Troy étaient de ce nombre ; ils n’avaient aucun motif pour s’attacher à la cause perdue de Toussaint Louverture. Toutefois, ne s’aveuglant point sur ceux qui avaient déterminé l’envoi d’une armée française à Saint-Domingue, en se rendant auprès du général Boudet, Borgella dit ces paroles prophétiques à David-Troy : « Mon ami, aujourd’hui nous sommes dans la nécessité de nous rendre aux Français, pour nous soustraire à la tyrannie de Toussaint Louverture ; mais, sois assuré qu’avant six mois, ils nous obligeront à prendre les armes contre eux : car, à l’instigation des colons, ils voudront nous ravir notre liberté. » Et cependant, il venait de se montrer généreux envers ces hommes qui ne surent jamais qu’abuser de leur déplorable influence ! C’est que la loi du devoir l’emporte toujours dans les cœurs bien nés.

Le général Boudet, informé par Agé de la conduite récente de Borgella, et sachant qu’il avait été chef d’escadron sous Rigaud, en le complimentant sur ses sentimens d’humanité, le rétablit dans ce grade supérieur dont il avait été privé après la guerre civile du Sud. Peu de jours après, il reçut l’ordre de faire partie de la colonne commandée par l’adjudant-général Darbois qui se rendit aux Cayes et de-là à Jérémie.

Environ trois mois après, Darbois l’envoya prendre le commandement du quartier de Dalmarie où se trouvait Gilles Bambara qu’il y remplaça. Ce quartier comprenait les bourgs de Dalmarie, des Abricots, de la Petite-Rivière, de l’Anse-d’Hainaut et des Irois. Il s’attacha à remplir son devoir, comme il l’avait toujours fait, en montrant une grande impartialité envers tous ses administrés, et acquit par là l’estime de tous. Entre tant de