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Une dernière recommandation du général Lapoype parvint à Dessalines en ces termes, par une lettre écrite le 27 novembre :

« Général, votre sollicitude pour les malades que nous laissons sous vos auspices, m’est un sûr garant que vous leur accorderez une protection particulière.  »

Mais on va voir bientôt ce que la lettre à Gérin a déjà fait pressentir.


Dans ces entrefaites, le commodore Loring écrivit deux lettres au général en chef des indigènes, pour le prier de lui envoyer des pilotes afin de pénétrer avec ses vaisseaux dans la rade du Cap : il craignait sans doute que les vents régnans sur la côte du Nord dans cette saison, ne vinssent à l’en éloigner momentanément, et que les navires français profitassent de cette circonstance pour lui échapper. Mais Dessalines ne se rendit pas à son désir, moins par égard pour les Français, que pour que les Anglais ne pussent dire qu’ils l’avaient aidé : il leur avait assez fait la guerre pendant quatre ans, pour ne pas les affectionner, et l’on a vu qu’il n’a voulu avoir de leurs navires de guerre aucune munition qui ne fût payée immédiatement.

Á l’occasion de ces lettres du commodore, la connaissance de la langue anglaise fit la fortune politique d’un jeune homme de couleur, qui était né pour être un homme d’État, et qui le devint par la suite. Il se nommait Alexis Dupuy : il avait servi sous les Anglais, à l’Arcahaie, et était officier ; mais revenu dans le pays, il fut incorporé dans la 4e comme simple grenadier. Ce fut lui qui traduisit les lettres de Loring, aucun des secrétaires de Dessalines ne connaissant l’anglais : il devint son se-