Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/468

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter lui-même la convention. L’adjudant-général Bazelais se rendit immédiatement au Cap.

Dessalines avait donné à Duveyrier la lettre suivante, qu’il remit à Rochambeau :

Quartier-général du Haut-du-Cap, le 27 brumaire (19 novembre).
Le général en chef de l’armée indigène,
Aux habitans de la ville du Cap.
Citoyens,

Étant entré aujourd’hui en négociation avec le commandant en chef Rochambeau, relativement à l’évacuation du Cap par ses tropes, cette circonstance me porte, citoyens habitans, à calmer les inquiétudes qui, jusqu’à ce jour, ont existé parmi vous ; car la guerre qui se fait n’est pas dirigée contre les habitans de ce pays. J’ai, sans distinction, donné ma protection et accordé sécurité aux habitans de toutes conditions ; et en cette occasion, vous me venez suivre la même ligne de conduite. La manière avec laquelle les habitans de chaque quartier, de Jérémie, des Cayes, du Port-au-Prince, ont été accueillis et traités, est pour vous un garant de ma bonne foi et dé mon honneur. Qu’ils restent, citoyens, ceux qui éprouvent de la répugnance à abandonner le pays ; ils trouveront sous mon gouvernement protection et sécurité ; d’une autre part, ceux qui veulent suivre l’armée française sont libres de le faire.

(Signé) Dessalines.

Il paraît que Rochambeau, ne s’aveuglant pas sur les sentimens connus de Dessalines, hésita à communiquer cette adresse aux habitans blancs du Cap ; mais enfin, il la fit publier, et elle porta sans doute beaucoup d’entre eux à rester au Cap. Ce fut pour leur malheur ; car Dessalines, par son adresse, n’avait voulu que leur tendre un piège, en leur inspirant cette confiance en sa bonne foi et son honneur. Nous parlons ainsi, d’après la lettre suivante qui portera la conviction dans l’esprit du lecteur comme dans le nôtre ; nous la copions textuellement :