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rieurs autour de lui pour avoir leurs avis. Quelques-uns pensèrent qu’il fallait livrer la ville au pillage, après l’évacuation ; c’étaient de ces hommes qui aiment à remplir leurs poches ; ils prétextaient de la longue soumission des habitans aux Français. Mais Pétion et Bonnet firent de sérieuses représentations à ce sujet, en faisant valoir l’adresse que ces habitans avaient envoyée secrètement au général en chef, en les disculpant par la nécessité où ils se trouvaient de subir le joug des Français, et insistant encore sur l’urgence de ménager des ressources pour les opérations ultérieures, etc. C’est alors que cet habitant apporta l’adresse du général en chef ci-dessus mentionnée.

Bonnet avait été chargé de traiter des conditions de l’évacuation avec Lavalette ; le journal de campagne dit de lui : « Je lui dois des éloges pour la sagesse avec la quelle il a traité. » Il y avait à peine deux mois que cet ancien officier de Rigaud était auprès du général en chef, que ses services intelligens dictaient à celui-ci ces lignes honorables. Quelle gloire pour Rigaud, d’avoir formé tous ces officiers que nous avons successivement signalés !

Le chef de brigade Lux, qui venait de se mesurer avec Dessalines sur le champ de bataille, ne voulut pas partir sans le voir de près. Il se rendit à Turgeau, où Dessalines l’accueillit avec une grande estime : les braves ont entre eux quelque chose de sympathique. Lux lui exprima sa satisfaction de la réception qu’il lui faisait. Dessalines lui dit qu’il paraissait protégé par des ouangas ; car il était étonné qu’il n’eût pas été même blessé dans le combat. Après quelques instans d’entretien, Lux rentra au Port-au-Prince.