Rien n’est désespéré, citoyen général, si vous pouvez parvenir à enlever aux troupes de débarquement les ressources que leur offre le Port-Républicain. Tâchez, par tous les moyens de force et d’adresse, d’incendier cette place ; elle est construite tout en bois ; il ne s’agit que d’y faire entrer quelques émissaires fidèles. Ne s’en trouvera-t-il donc point sous vos ordres d’assez dévoués pour rendre ce service ? Ah ! mon cher général, quel malheur qu’il y ait eu un traître dans cette ville, et qu’on n’y ait pas mis à exécution vos ordres et les miens !
Guettez le moment où la garnison s’affaiblira par des expéditions dans les plaines, et tâchez alors de surprendre et d’enlever cette ville par ses derrières.
N’oubliez pas qu’en attendant la saison des pluies qui doit nous débarrasser de nos ennemis[1], nous n’avons pour ressource que la destruction et le feu. Songez qu’il ne faut pas que la terre, baignée de nos sueur, puisse fournir à nos ennemis le moindre aliment. Carabinez les chemins, faites jeter des cadavres de chevaux dans toutes les sources ; faites tout anéantir et tout brûler, pour que ceux qui viennent pour nous remettre en esclavage rencontrent toujours devant leurs yeux l’image de l’enfer qu’ils méritent.
Il se rendit ensuite à Saint-Marc, où il donna l’ordre relatif à la défense de cette ville. Étant là, il écrivit au général Laplume et au colonel Dommage : la lettre qui suit, également interceptée, fait connaître la teneur principale de celle adressée à Laplume :
Le gouverneur général de Saint-Domingue,
Au citoyen Dommage, général de brigade, commandant l’arrondissement de Jérémie[2]
J’envoie auprès de vous, mon cher général, mon aide de camp Chan-