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autre, s’ils avaient eu leur chef à leur tête, il embarqua la garnison et les habitans blancs qu’il mena au Cap. C’était déjà un beau trait de sa part ; il ajouta à cette action généreuse en retournant le lendemain, 9 septembre, au Fort-Liberté déjà occupé par Toussaint Brave ; il envoya un de ses officiers réclamer la remise du général Dumont : ce qu’il obtint sans peine. Mais, en dégageant son ennemi d’une position qui offrait des dangers pour sa vie, il ne se crut pas obligé de faire à son égard ce qu’il avait fait pour la garnison : Dumont fut considéré comme prisonnier de guerre et envoyé à la Jamaïque. Il nous semble que John Bligh eût mieux fait en l’envoyant au Cap : il eût couronné son œuvre, car rigoureusement parlant, Dumont n’était pas un prisonnier de guerre.

Après la prise du Fort-Liberté, les Français ne possédaient plus, — dans le Nord, que le Cap et le Môle ; — dans le Sud, que les Cayes. Dans l’Ouest, ils occupaient encore Saint-Marc, la Croix-des-Bouquets, le Port-au-Prince et Jacmel.

En apprenant les relations des Congos avec les Français, Dessalines avait envoyé l’ordre à Christophe et à Clervaux de se porter à la Marmelade et au Dondon. Il partit lui-même du Cul-de-Sac avec ses troupes et se rendit à la Petite-Rivière. Son plan était d’enlever Saint-Marc où il trouverait des pièces d’artillerie, pour revenir contre le Port-au-Prince. À son arrivée, il éleva Gabart au grade de général de division, et Jean-Philippe Daut à celui de général de brigade.

Gabart eut l’ordre de se rendre devant Saint-Marc avec peu de troupes, pour le bloquer seulement, en attendant une opération plus sérieuse. En même temps, Dessalines écrivit au capitaine James Walker, qui croisait devant le