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disait : « Le Nord est détruit ; le Sud est en feu ; la campagne du général Brunet est manquée ; il a été forcé de se renfermer dans la ville des Cayes ; dans l’Ouest, les Grands-Bois et le Cul-de-Sac seuls fournissent encore quelques faibles ressources, etc. »

Le 26 février, on avait reçu de Rochefort avec des troupes, environ 1500 mille francs ; mais cette somme avait été employée à payer en partie un arriéré considérable. En juin suivant, une somme à peu près égale arriva avec des traites sur France, formant en tout 3 millions : ce fut le dernier envoi venu de la métropole.

En Europe même, il se passait des événemens qui devaient influer grandement sur les destinées de Saint-Domingue. Le 16 mai, la rupture de la paix d’Amiens était un fait constant. La guerre recommençait donc entre la Grande-Bretagne et la France, et désormais celle-ci ne pourrait plus ravitailler sa colonie livrée à une insurrection générale.

Le général Boyer, parti dans ces circonstances, fut fait prisonnier par les Anglais. Ils acquirent ainsi la connaissance entière de la situation de Saint-Domingue, par les documens tombés en leur pouvoir, et se préparèrent à en profiter.

Dans ce même mois de mai, les combinaisons politiques de Pétion, qui ne s’endormait pas à l’Arcahaie, obtinrent un succès décisif pour la cause indigène. Avisé des événemens si heureux du Sud, il jugea que le moment était arrivé d’assurer à Dessalines la prépondérance de l’autorité dans l’Ouest sur Lamour Dérance. Dans ce but patriotique, il envoya des émissaires, — des hommes de confiance, comme eût dit T. Louverture, — proposer à Cangé de venir à l’Arcahaie avec ses principaux officiers,