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leurs restèrent placées verticalement comme dans le drapeau français. L’ordre fut envoyé immédiatement à tous les généraux d’opérer ce changement : d’autres modifications eurent lieu plus tard ; il en sera question en leur temps.

Les Français purent comprendre alors, que les indigènes entendaient bien positivement se séparer absolument de la France, puisque le signe de ralliement n’était plus le même dans les camps opposés. À ce sujet, nous avons vu un procès-verbal dressé le 29 floréal an XI (19 mai), dans la rade du Port-au-Prince, par l’amiral Latouche Tréville, à propos d’une barge indigène capturée lorsqu’elle sortait de l’Arcahaie pour se rendre du côté de Léogane. On y trouva un drapeau indigène, ayant cette devise : Liberté ou la mort. L’amiral dressa cet acte avec une sorte de solennité, pour constater le fait ; il en envoya copie à Roehambeau : ce qui prouve qu’il attachait une grande importance dans l’adoption d’un nouveau drapeau par les indigènes.

Tandis que le général Sarrazin était aux prises avec les indigènes dans la plaine des Cayes, le général Kerverseau, qui s’était lassé sans doute de son rôle passif à Santo-Domingo, vint dans les montagnes du Maniel ou du Bahoruco, le 15 mars, et dispersa à coups de fusil les nègres-marrons de ce lieu qui obéissaient à Lafortune et Lamour Dérance. Ces hommes, pour qui l’indépendance de toute autorité régulière avait toujours été une sorte de culte, y avaient quelque poudre, des fusils et des pistolets dont le général français s’empara ; et quoiqu’il fît aussi ravager les plantations qu’il découvrit, son expédition ne pouvait aboutir à aucun résultat important, en raison de l’impossibilité de soumettre ces indépendans. Il continua