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Vernet, et Clervaux, qu’il ramena à la Petite-Rivière.

Tel fut le résultat de l’assassinat de Sans-Souci. Ce crime ne priva seulement, pas le Nord de la présence de deux généraux qui, avec des moyens de persuasion, eussent peut-être organisé les Congos pour les maintenir sous l’autorité de Dessalines ; mais ces hommes ignorans, abandonnés à eux-mêmes, finirent par entrer plus tard en relation avec les Français affamés dans la ville du Cap, en leur fournissant des vivres et des denrées d’exportation. Il est possible qu’après la visite qu’il avait reçue de Dessalines, Sans-Souci fût resté soumis à ses ordres. On ne peut donc que déplorer ce qui parut au général en chef une nécessité commandée pour assurer son autorité. La mort de Sans-Souci occasionna celle de Paul Louverture, qui avait toujours été porté au bien et qui aurait pu être utile à la cause indigène.

Après avoir établi ainsi sa suprématie dans le Nord, Dessalines devait la fonder dans l’Ouest. Partant de l’Artibonite avec Pétion, Gabart et de nombreuses troupes, il se présenta à l’Arcahaie, d’où Larose s’enfuit dans un canot qui le porta à Mariani : de-là, ce dernier se rendit auprès de Lamour Dérance qui était alors dans la plaine de Léogane. Pétion, élevé au grade de général de division, pour commander le département de l’Ouest, établit son quartier-général à l’Arcahaie[1]. L’occupation de ce bourg sur le littoral, à proximité du Port-au-Prince et de la plaine de Léogane, donna à cet homme politique le moyen d’entretenir des intelligences avec des indigènes de cette première ville, les chefs de bandes qui l’avoisinaient et ceux qui obéissaient encore à Lamour Dérange

  1. En même temps, Dessalines envoya des brevets du même grade à Christophe, Clervaux et Vernet.