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que Dessalines pour général en chef des indigènes, dès que les circonstances leur permettraient de secouer le joug de l’autorité qu’exerçait Lamour Dérance. L’exemple qu’il avait tracé, la présence de Geffrard, de Jean-Louis François et de toute la 13e qui allaient opérer dans ce sens sur tous les esprits du Sud, ne pouvaient que les entraîner. Personnellement, Cangé avait un autre motif qui devait influer sur lui : après la guerre civile du Sud, « il avait dû son salut à Dessalines qui l’avait reçu comme simple grenadier dans son régiment (la 4e demi-brigade).[1] »

En ce moment, Gérin, qui avait été sauvé aussi par Dessalines, ayant appris dans les hauteurs du Petit-Goave où il se trouvait avec Léveillé, que Pétion, Geffrard et les autres militaires du Sud étaient dans la plaine de Léogane, vint les y rencontrer. Comme eux, il se pénétra de la nécessité d’une franche soumission aux ordres du général en chef qu’ils avaient reconnu : l’accession d’un tel officier ne pouvait qu’être d’un grand poids aux yeux des indigènes du Sud. Dessalines recueillait donc le prix des actes d’humanité qu’il avait exercés envers les vaincus ! Pourquoi faut-il que nous ayons à constater plus tard, qu’il oublia les services de tous ces hommes qui lui prêtèrent un concours dévoué, dans l’œuvre nationale qu’il entreprit en 1802 avec tant de gloire !…

En bloquant les Français dans la ville de Léogane, Cangé avait établi plusieurs postes retranchés autour de cette ville, sur les habitations Cassagne, Dampuce et Petit. Ce dernier poste étant le principal, Pétion utilisa ses connaissances comme ingénieur en le fortifiant ; il fit occu-

  1. Mémoires de Boisrond Tonnerre.