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couleur, du nom de Bellegarde Baudoin, commandant de la garde nationale du canton de Belle-Rivière, dans cette paroisse, reçut l’ordre de s’y transporter avec ses gens. Mais il les porta à se révolter et s’entendit à cet effet avec Gilbon, chef des insurgés de Baynet : réunissant leurs troupes, ils vinrent à Miragoane, s’en emparèrent, prirent des munitions et se retirèrent sans faire aucun ma là qui que ce soit. C’était une belle action dans un temps si fertile en cruautés, et d’autant plus méritoire, que Pierre Viallet, commandant de ce bourg, se montrait cruel envers ses frères noirs et mulâtres. Néret, apprenant ce fait, employa tous ses soins pour gagner Bellegarde Baudoin à la cause française ; celui-ci fut assez faible pour s’y laisser prendre, il alla le joindre. Après son départ, les insurgés choisirent un noir pour les commander ; il se nommait Léveillé : la plupart d’entre eux étaient des mulâtres propriétaires à la Belle-Rivière.

Néret vint les attaquer et fut battu : il accusa Bellegarde, qui était avec lui, d’être d’intelligence avec ses anciens compagnons, et il voulut le faire arrêter. Nouveau transfuge, Bellegarde prit la fuite et revint se faire pardonner la faute qu’il avait commise. Léveillé se porta à la montagne du Rochelois où il recruta les cultivateurs pour se renforcer et s’établit près du Pont-de-Miragoane. Retournant de nouveau au Rochelois, il combattit contre le chef de bataillon Ferbos, de l’ancienne garnison de Jérémie, que Néret avait détaché d’Aquin contre les insurgés : vaincu et blessé, Ferbos se retira à Aquin. On eut l’indignité de l’accuser d’avoir ménagé les insurgés, et, tout blessé qu’il était, il fut noyé à Aquin. Néret laissa consommer cet horrible crime, s’il ne l’ordonna pas lui-même. Ainsi mourut ce brave officier qui fit la guerre