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promotions, comme s’il était un général. C’était du reste une nécessité, car on ne fait pas la guerre convenablement avec des bandes indisciplinées. Le canton de Boucassin était encore occupé par les Français, sous les ordres d’un brave officier, nommé Poix, qui s’y était retiré quand Larose s’empara de l’Arcahaie. Celui-ci entreprit de l’en déloger : il y réussit, mais après avoir essuyé une vive résistance. Toutes ses mesures avaient été prises pour couper la retraite de Poix sur le Port-au-Prince : Poix se vit contraint de passer par les montagnes pour se rendre au bourg du Mirebalais, commandé par le vieux noir Paul Lafrance, qui avait sous ses ordres le chef d’escadron David-Troy, commandant de la gendarmerie.

De l’Artibonite, Dessalines envoyait des émissaires qui travaillaient l’esprit des soldats de Larose ; les relations établies entre cette plaine et l’Arcahaie facilitaient ces manœuvres. Jean-Charles Courjolles, l’un des lieutenans de Larose, les secondait ; craignant de tomber victime de son zèle, il s’enfuit et se retira auprès du général en chef. Son exemple fut suivi par un officier de quelque influence, nommé Robert : ce fut assez pour déterminer des défections parmi les anciens soldats de l’armée coloniale, qui, ainsi qu’eux, devaient naturellement préférer le commandement supérieur de Dessalines à celui de Lamour Dérance, ce nègre marron qu’ils avaient toujours traqué sous ses ordres, du temps de T. Louverture.

Larose, égaré par l’orgueil et la rancune, ne put reconnaître sa fausse position. Afin de se donner un nouveau relief par les armes aux yeux de ses troupes, il les dirigea contre la plaine du Cul-de-Sac, d’abord en attaquant un poste français établi sur l’habitation Robert, située dans