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blancs qui avaient paru trop inféodés à T. Louverture, tels que Noblet, Figeac, Bernard, Barada, etc. : là se trouvaient aussi Bernard Borgella, Collet, Gaston Nogérée, Viart ; ils étaient tous en détention, comme les noirs et les mulâtres, Leclerc désigna Bernard Borgella comme « un vil adulateur de T. Louverture, et un traître à son pays. » Des colons du Port-au-Prince envoyèrent une adresse qui le peignait au contraire comme « un bon et excellent citoyen, qui avait sauvé les blancs par sa condescendance envers lui. »

Dans cet état de choses, le conseiller d’Etat Joseph Cafarelli, préfet maritime, appela l’attention du ministre de la marine sur tous les déportés, en les classant par catégories, selon les lettres d’envoi.

Le 19 vendémiaire, an XI (11 octobre), un arrêté consulaire prescrivit d’envoyer la plupart des noirs et mulâtres désignés comme brigands, aux bagnes des îles de Corse et d’Elbe, pour y être employés aux travaux publics. En 1803, il y fut créé des compagnies attachées au génie, où les officiers des deux couleurs, presque brigands, furent employés : ce fut surtout à Ajaccio et à Porto-Ferrajo[1].

Si ces rigueurs étaient provoquées, il faut le dire, par les généraux Leclerc et Richepanse, et par cette qualifi-

  1. C’est pour s’être trouvés dans ces deux îles que plusieurs d’entre eux purent ensuite s’évader sur des navires américains et se rendre à Haïti : de ce nombre furent Dupuche, Quayé Larivière, Chancy, Brunache, Borno Déléard, Papilleau, Bellegarde, Dupont, etc.

    Dupuche fut signalé comme « ayant des moyens, grand ami de Pétion, qui est le chef et l’âme de la dernière insurrection ; mais, c’est un scélérat.  » — Dupont, « grand partisan de la liberté des noirs. » — Quayé Larivière, « a des moyens, mais il est dangereux. »

    Tous ces hommes s’honoraient d’être citoyens français ; mais ils avaient pris la liberté au sérieux.