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troupes y arrivèrent de France. Ces renforts, si impatiemment attendus par Leclerc, portèrent son successeur à réorganiser les demi-brigades mutilées dans les combats, ou décimées par la fièvre jaune qui perdait depuis peu de son intensité ; il les fondit les unes dans les autres. Il choisit pour commandant de sa garde d’honneur le colonel Neterwood qui avait été le premier aide de camp de Leclerc : c’était un Suédois au service de la France.[1] Le colonel Sabès, ancien aide de camp de Boudet, remplaça dans le commandement de la place du Cap, le général Claparède qui passa à celui des troupes destinées à agir hors de cette ville. Le général Watrin étant mort de la fièvre jaune, le 22 novembre, quinze jours après son arrivée au Port-au-Prince, le général Brunet quitta le Môle à la mi-décembre pour s’y rendre et le remplacer dans le commandement des départemens de l’Ouest et du Sud.

Rochambeau étendit sur tous les points l’organisation des compagnies franches créées au Cap par le préfet Daure : il se donna ainsi une force nouvelle composée de noirs et de mulâtres. Ceux-ci ne voyaient pas encore, parmi les brigands, une direction unique capable de leur inspirer le désir de se faire eux-mêmes brigands ; beaucoup d’entre eux le firent plus tard, quand ils virent des hommes tels que Pétion et Geffrard seconder Dessalines dont l’autorité était si redoutée, en souvenir de sa conduite sous T. Louverture.

Ces mesures de réorganisation portèrent Rochambeau à annoncer à l’armée que son devoir était de reconquérir les divers points qui avaient été abandonnés dans le Nord, l’Artibonite et l’Ouest, car le Sud était encore intact.

  1. Le chef de brigade Abbé, qui avait commandé celle de Leclerc, venait de partir pour France, envoyé en mission par Daure.