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fît plus tard le siège de son gouvernement, en jetant les fondemens de sa ville impériale : ces deux habitations sont limitrophes.


Retournons au Cap.

On conçoit que les fatigues d’un gouvernement aussi pénible que celui de Saint-Domingue, surtout dans ces derniers temps ; les mécomptes qui survinrent et le peu d’espoir qu’ils laissèrent de vaincre et de soumettre désormais toute une population qui allait recevoir l’impulsion de la résistance de ses chefs naturels, durent contribuer à prédisposer la constitution du général Leclerc, à subir l’influence de la peste qui régnait autour de lui. En effet, le 30 vendémiaire an XI (22 octobre), il ressentit un violent mal de tête accompagné de fièvre : la maladie parut se calmer au bout de cinq jours, il reprit le travail ; alors parurent tous les symptômes du mal de Siam, et le 11 brumaire (2 novembre), à une heure du matin, il expira, à l’âge de 30 ans.

Il avait conservé tout son courage et toute sa présence d’esprit jusqu’au dernier moment. Le colonel Neterwood, son premier aide de camp, et le médecin Peyre reçurent ses dernières volontés. Elles portaient : 1o que le général Rochambeau le remplacerait comme général en chef et capitaine-général, en attendant les ordres ultérieurs du Premier Consul ; 2o que le général Watrin succéderait à Rochambeau dans le commandement des départemens de l’Ouest et du Sud ; 3o que le général Clauzel continuerait à commander celui du Nord ; 4o que le général Brunet irait relever le général Thouvenot au Môle et que ce dernier viendrait au Cap ; 5o enfin, que Madame Leclerc partirait pour la France aussitôt après sa mort,