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noirs, avait deux torts : le premier, de vouloir susciter des ennemis à Pétion, auteur de la défection de Clervaux et de Christophe ; le second, d’être prématurée, et surtout sans sincérité. Il était réservé à ce mulâtre de réaliser les vues de Polvérel à cet égard ; et il fut plus sincèrement juste et plus libéral que le capitaine-général, en délivrant au moins cinq carreaux de terre à chacun des noirs concessionnaires, dans la République qu’il fonda quatre ans après.


Avant de se rendre au Cap, le général Brunet arrêta et y envoya Maurepas et sa famille, Bodin, colonel de la 9e, d’autres officiers et soldats de ce corps, et le chef de bataillon René Vincent. Ces hommes l’avaient aidé contre Capois, mais il les accusa de rester dans une inaction coupable.

Maurepas et sa famille furent placés sur la frégate la Guerrière : il en était de même des officiers supérieurs de la 9e : les autres et les soldats furent jetés sur d’autres navires.

Dans ces circonstances, ou peut-être auparavant, arriva de Jérémie le colonel Dommage qui avait été arrêté par Darbois, et qui fut accusé de conspiration. Il fut livre au jugement d’une commission militaire qui le condamna à être pendu, pour avoir été pris, dit le jugement, les armes à la main : rien n’était plus faux. Dommage était paisible à Jérémie où il avait respecté la vie des colons à l’arrivée de l’expédition ; mais son ancien secrétaire, un blanc nommé Savary, l’avait dénoncé à Darbois comme ayant le projet d’organiser une insurrection. Si cette intention existait de sa part, Darbois qui, fidèle aux pratiques de Roehambeau, agissait sans gêne à Jérémie,