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cipaux de l’armée coloniale eussent passé comme les autres[1].

Dessalines eut donc raison de l’endormir par ses paroles véhémentes ; car, c’est dans ce dernier voyage au Cap qu’il convint avec Pétion de commencer immédiatement leur levée de boucliers. Il se rendit ensuite dans l’Artibonite pour agir sur son terrain le plus convenable, où il avait préparé ses mesures.

Clervaux et Pétion occupaient alors le bourg du Haut-du-Cap, avec les 6e, 10e et 13e demi-brigades coloniales. Christophe était cantonné sur l’habitation Saint-Michel, près de la Petite-Anse, où il y avait un fort, avec les 1re, 2e et 5e demi-brigades. Tous ces corps de troupes étaient peu nombreux.

Selon P. de Lacroix, venu au Haut-du-Cap pour voir le général Boudet avant son départ, il y aurait rencontré chez lui Clervaux et Christophe, et ce dernier lui aurait parlé avec une extrême franchise sur la cause de l’insurrection du Nord et des autres localités. Il l’aurait attribuée aux inquiétudes conçues, depuis qu’on avait connaissance de la loi sur le rétablissement de l’esclavage et de la traite, aux propos qui se tenaient publiquement par les colons et d’autres Français, et à la juste défiance que faisait naître cet état de choses dans l’esprit de la population noire. P. de Lacroix « ayant cherché à le rassurer, il lui répondit que, s’il ne croyait pas à la sincérité des sentimens du général Leclerc et des autres généraux, il ne serait pas parmi eux.  »

  1. Est-ce que des regrets, au dire de P. de Lacroix, ne furent pas exprimés, de ce que Leclerc ne se fût pas débarrassé de tous les chefs noirs el de couleur ? Soumis à l’influence des colons et de ses alentours, Leclerc se livrait avec transport à l’idée de profiter des troupes attendues de France pour exécuter ce plan. Il eût d’ailleurs rempli le devoir qui lui avait été prescris.