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Durant ce temps, Christophe avait fait prêter à la 2me demi-brigade et aux autres soldats présens au Cap, le serment de vaincre ou de mourir, d’après la finale de la proclamation du gouverneur, du 18 décembre.

Ainsi, tandis que les fonctionnaires civils invoquaient une phrase de cet acte pour se soumettre au capitaine-général, le fonctionnaire militaire y trouvait une autre pour électriser ses camarades d’armes. L’unité d’action manquait donc dans la proclamation de T. Louverture : par sa faute, chacun était libre de choisir le parti qui paraissait mieux convenir à sa position personnelle, à ses idées, à ses principes politiques, aux intérêts de la colonie. Aussi, quand Christophe se rendit à la municipalité pour reprocher à ce corps l’usage qu’il faisait des proclamations françaises, le maire lui répondit qu’il était dans son droit, qu’il remplissait même un devoir dicté par l’obéissance due à la métropole et prêchée par le gouverneur général lui-même.

On était au 4 février : la flotte louvoyait encore et ne pouvait effectuer le débarquement des troupes. Christophe avait expédié un nouvel officier auprès de T. Louverture. Il annonça néanmoins à la municipalité, qu’il avait donné l’ordre aux troupes coloniales, de contraindre les habitans à évacuer la ville qu’il allait faire incendier, afin de se porter au village du Haut-du-Cap. Le maire résista encore.

En ce moment, le bruit circula qu’une armée avait débarqué au Fort-Liberté ; il confirma ce que disait la lettre de Leclerc à ce sujet. C’était effectivement le général Rochambeau qui, amené là par les vaisseaux sous les ordres du capitaine Magon, opérait contre cette ville, alors commandée par le chef de bataillon Charles Pierre. Aussitôt