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cette circonstance comme toujours, est de la meilleure politique : Pétion respecta leur vie, et permit même à la plupart de se sauver. Cette conduite contrastait trop avec les rigueurs exercées précédemment par Brunet sur les malheureux qu’il atteignit, pour n’avoir pas été appréciée par eux tous ; et c’est ce qui explique le respect que les noirs du Nord montrèrent ensuite pour Pétion, quand il eut pris les armes à son tour contre les Français.

En ce moment le général Dessalines arrivait aussi dans la paroisse de Plaisance avec des troupes coloniales, pour aider à la répression des insurgés : il en avait reçu l’ordre. Là, pour la première fois depuis l’arrivée de l’expédition française, il se rencontrait avec Pétion.

Ce n’est pas ce que prétend Boisrond Tonnerre, dans ses mémoires : il affirme que leur première entrevue eut lieu à la Petite-Anse, immédiatement après la déportation de T. Louverture, lorsqu’il est certain que Pétion était encore au Port-au-Prince avec la 13e ; et il fait l’honneur à Dessalines d’avoir pris l’initiative pour conseiller à Pétion de prendre son parti, de même qu’il aurait tenu ensuite le même langage à Clervaux et à Christophe. Cependant, cet auteur convient après que Dessalines et Pétion se virent à Plaisance, « que les malheurs communs avaient rapproche ces deux hommes ; que là, ils se communiquent l’un à l’autre leurs sentimens sur ce qui se passait, et Dessalines crut devoir prévenir Pétion sur les dangers qu’il courait, s’il rentrait au Cap avec sa troupe. » L’une des deux assertions détruit nécessairement l’autre ; car si, déjà à la Petite-Anse, Dessalines avait engagé Pétion à prendre son parti, c’est qu’alors ils se seraient entendus.

Le fait est, que c’est dans l’entrevue de Plaisance qu’ils