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leurs dénonciations. La municipalité parla enfin des dispositions de la constitution coloniale qui faisaient de Saint-Domingue un pays français, pour porter Christophe à l’obéissance aux ordres de la métropole.

Mais Christophe lui répliqua qu’il était militaire, soumis aux seuls ordres du gouverneur général ; que le gouvernement consulaire aurait dû faire transmettre les siens par un aviso, et non par une flotte où l’on voyait arboré un pavillon étranger à celui de la France ; que la proclamation avait été sans doute fabriquée à bord des vaisseaux ; et que la terre brûlerait avant que la flotte mouillât dans la rade du Cap.

Il permit cependant qu’une députation se rendît à bord du vaisseau amiral, le 3 février, afin de dire au général Leclerc d’attendre qu’il eût le temps d’en aviser T. Louverture. Cette députation fut formée du maire César Thélémaque, de deux autres membres de la municipalité, du curé Corneille Brelle et de Tobias Lear, consul des États-Unis.

En attendant son retour, Christophe dépêcha un officier auprès du gouverneur général, sur la route de Saint-Jean à Santo-Domingo. La démarche même de la municipalité et des fonctionnaires, que rapporte Pamphile de Lacroix, aurait dû le convaincre que T. Louverture n’était pas au Cap, comme l’a cru Lebrun.

Le capitaine-général accueillit la députation, en l’entretenant des bonnes dispositions de la France envers la colonie, et envers T. Louverture lui-même, à qui elle renvoyait ses enfans ; il lui dit qu’il était chargé de donner à Christophe des gages de la bienveillance du Premier Consul. En cela, il pouvait être sincère ; car on a vu que de Santo-Domingo, T. Louverture avait fait l’éloge de cet