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Six ports seulement furent ouverts au commerce : — le Cap, le Port-au-Prince, Santo-Domingo, les Cayes, Jacmel et Jérémie[1]. L’importation, par tous les navires quelconques, de bœufs, de mulets et de bois de construction, fut permise franche de droits dans les ports du Cap, du Môle, du Port-au-Prince et de Jacmel.

Les biens des émigrés et des absens, et ceux que T. Louverture avait fait séquestrer, passèrent aux domaines coloniaux ou nationaux.

Le système des douanes dans les ports ouverts au commerce extérieur fut maintenu comme dans le régime précédent. Il est à remarquer que le département du Sud était le plus florissant, non-seulement parce qu’il avait été préservé des ravages de la guerre de trois mois, mais par suite de l’ordre que Rigaud y avait établi ; car à l’arrivée de l’expédition, les Français y trouvèrent, dans les magasins de l’État, plus de douze millions de valeurs en denrées du pays[2]. C’est ainsi qu’on a vu le chiffre du numéraire existant dans les caisses du Sud, déclaré supérieur à celui du Nord et de l’Artibonite, par T. Louverture lui-même dans l’un de ses entretiens avec le général Cafarelli.

On conçoit que la nouvelle du succès de l’expédition,

  1. Les trois premiers ports furent ouverts au commerce national et étranger, les trois derniers au commerce national seulement. Rochambeau ouvrit ensuite celui des Cayes aux deux commerces : il permit, en même temps, aux étrangers d’exporter toutes sortes de denrées, tandis que Leclerc avait restreint leurs exportations à quelques-unes seulement.
  2. Pamphile de Lacroix, t. 2, p. 109. — Ces denrées provenaient, sans doute, des biens de tous les proscrits du Sud ; mais nous avons prouvé, dans notre 3e volume, que, sous l’administration de Bauvais et de Rigaud, une partie de l’Ouest et du Sud était mieux cultivée que l’Artibonite et le Nord : le régime modéré qu’ils y établirent obtenait plus du noir cultivateur que le despotisme brutal établi dans les autres département. Qu’on se rappelle les cris de détresse poussés par Sonthonax !