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l’amitié ; tous les Français se sont embrassés aussi, et ont juré d’être tous des amis et des frères. Venez aussi embrasser les Français, et vous réjouir de revoir vos amis et vos frères d’Europe.

Le gouvernement vous envoie le capitaine-général Leclerc ; il amène avec lui de grandes forces pour vous protéger contre vos ennemis et contre les ennemis de la République. Si l’on vous dit : Ces forces sont destinées à vous ravir la liberté ; répondez : La République ne souffrira pas quelle nous soit enlevée.

Ralliez-vous autour du capitaine-général ; il vous apporte l’abondance et la paix ; ralliez-vous autour de lui. Qui osera se séparer du capitaine-général sera un traître à la patrie, et la colère de la République le dévorera comme le feu dévore vos cannes desséchées.

Donné à Paris, au palais du gouvernement, le 17 brumaire an X de la République française (8 novembre 1801.)

Le Premier Consul, Bonaparte. »

Pamphile de Lacroix, qui a critiqué les instructions données au capitaine-général et à l’amiral, loue cette proclamation comme un chef-d’œuvre de rédaction politique, en ce qu’elle alliait habilement les promesses et les menaces. »

Voyons donc en quoi consistait cette habileté.

D’abord, il était impossible de mieux confirmer le décret de la Convention sur la liberté générale, que ne le semblait faire le premier paragraphe de cette proclamation. Cependant, la France qui n’avait plus d’ennemis, puisque tous les peuples avaient embrassé les Français, envoyait néanmoins de grandes forces à Saint-Domingue pour protéger ses habitans, également Français, contre